750 000 postes seront à pourvoir chaque année jusqu'en 2015

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D'ici 2015‚ 750 000 postes seront à pourvoir chaque année‚ dont 80% pour cause de départs à la retraite‚ indique une étude du Centre d'analyses stratégiques et du ministère de l'Emploi‚ à paraître le 3 janvier. Durant les dix prochaines années‚ une quinzaine de métiers concentreront l'essentiel des créations de postes. La tertiarisation de l'économie devrait se poursuivre avec toujours plus de cadres‚ mais aussi avec des emplois peu qualifiés de plus en plus nombreux dans les services et l'aide à la personne. Mais le dynamisme de l'emploi dans certains métiers pourrait entraîner des difficultés de recrutement.

L'air de rien‚ le ministère du Travail a décidé d'ouvrir le marché français de l'emploi aux ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie – membre de l'Union européenne depuis le 1er janvier – dans 62 métiers répartis dans sept secteurs. Tous ces métiers ont déjà été ouverts en mai 2005 aux ressortissants des huit pays de l'Est qui ont intégré l'UE en 2004.

L'air de rien ? Pas vraiment‚ en fait. BTP‚ hôtellerie-restauration‚ agriculture‚ mécanique… la soixantaine de métiers visés concernent des activités connaissant depuis plusieurs années des difficultés de recrutement. Et le papy-boom‚ qui devrait bouleverser le marche du travail au moins jusqu'en 2015‚ ne devrait faire que rallonger le parcours du combattant des entreprises à la recherche de bras dans ces secteurs. Telles sont les conclusions d'un rapport conjoint [1] du Centre d'analyses stratégiques (CAS ; ex-Commissariat général au Plan) et de la Direction de l'animation de la recherche‚ des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail‚ à paraître le 3 janvier.  "Un scénario noir n'est pas à exclure"

Car les départs à la retraite des générations du baby-boom ne règleront pas la question de l'emploi en France‚ affirme le rapport. En 2015‚ 635 000 personnes devraient mettre un terme à leur carrière alors que la décennie 1990 enregistrait environ 410 000 départs par an. Ceci amène les auteurs de l'étude à tabler sur la création de 150 000 emplois supplémentaires tous les ans jusqu'à cette date. Au total‚ environ 750 000 postes seront à pourvoir chaque année d'ici 2015‚ dont 80% pour cause de départs à la retraite.

En comparaison‚ 730 000 jeunes quitteront annuellement le système éducatif pour se lancer dans la vie active contre 760 000 dans les années 2000. A "court terme"‚ la transformation des salariés âgés en jeunes retraités "peut faciliter" la baisse du chômage. Mais‚ prévient l'étude‚ "ces transformations ne seront peut-être pas aussi spectaculaires que ce que l'on pouvait croire il y a encore quelques années". Surtout en cas d'inadéquation entre l'offre et la demande de travail. "Il n'y a pas de lien mécanique‚ à moyen ou long terme‚ entre le volume de la population active et le taux de chômage"‚ précisent les auteurs‚ ajoutant qu'un "scénario noir n'est pas à exclure". Les experts du CAS et de la Dares se sont ainsi appuyés sur une hypothèse prudente d'un taux de chômage ramené à 7‚5% (contre 8‚7% fin novembre 2006) [2] et d'une croissance annuelle de 2%.

Résultat‚ certains métiers mal cotés devraient continuer leur déclin. C'est le cas dans l'industrie mécanique‚ l'agriculture et le petit commerce et l'artisanat. Ainsi‚ d'ici 2015‚ la France comptera moins d'ouvriers non qualifiés de la mécanique‚ du textile et du cuir (41 000 suppressions de postes) mais aussi moins de patrons de café‚ d'hôtel ou de restaurant (25 000) et de bouchers‚ charcutiers et boulangers (14 000).Le tertiaire‚ secteur d'avenir

Cependant‚ les départs massifs à la retraite devraient aussi chambouler la structure du marché du travail. "L'économie va poursuivre sa tertiarisation" parient les auteurs de l'étude. Cinq domaines tertiaires devraient concentrer à eux seuls l'essentiel des créations d'emplois durant les dix prochaines années : les services aux particuliers (400 000 emplois créés)‚ la santé et l'action sociale (308 000)‚ les transports et la logistiques (225 000)‚ les métiers administratifs (197 000)‚ le commerce et la vente (194 000).

Selon le Centre d'analyse stratégique et la Dares‚ les métiers d'avenir concernent les services‚ aux entreprises comme aux particuliers : "si dans l'industrie proprement dite les créations d'emploi devraient rester limités‚ les emplois de service vont se développer". "La tertiarisation des emplois n'implique pas la fin des métiers de production‚ mais ils seront bien plus qualifiés"‚ indique la directrice générale du CAS‚ Sophie Boissard au Monde (30/12/2006). "Le nombre d'ouvriers non qualifiés va continuer à baisser. Nous n'aurons plus besoin de fondeurs de base‚ d'autres pays feront ce travail‚ mais la fonderie de pointe va rester. Les secteurs industriels ne vont pas disparaître‚ mais les emplois vont changer à l'intérieur de ces secteurs."

"La moitié des postes à pourvoir d'ici 2015 le seront dans une quinzaine de métiers"‚ prévient le rapport. La palme devrait revenir aux assistants maternels et aux aides à domiciles. Qu'il s'agisse de besoins d'aide aux personnes dépendantes ou de besoins insuffisamment satisfaits‚ comme les gardes d'enfants‚ ces emplois considérés comme peu qualifiés devraient se développer dans les prochaines années.

Les auteurs prévoient 211 000 créations d'emploi d'ici 2015 pour ces métiers. Viennent ensuite les informaticiens (149 000 créations prévues)‚ les aides-soignants (149 000)‚ les cadres administratifs et dirigeants (131 000)‚ les employés administratifs (100 000)‚ les cadres commerciaux (97 000)‚ les manutentionnaires (92 000)‚ les employés de maison (80 000)‚ les infirmiers et sages-femmes (78 000) et les ouvriers qualifiés des industries de "process" (77 000).Préférer la polyvalence des salariés à la spécialisation

La hausse du nombre de postes à pourvoir conduira également à des changements importants des modes de recrutements des entreprises et des organisations du travail. "De nombreuses administrations et entreprises‚ y compris dans l'industrie‚ tendent à évoluer entre deux formes polaires d'organisation du travail". Certaines favorisent la polyvalence de leurs salariés et permettent à chacun d'entre eux d'adapter‚ de manière autonome‚ son travail aux contraintes et demandes du client. D'autres‚ au contraire‚ rationalisent fortement leur intervention‚ en précisant et en hiérarchisant les tâches de chacun de leurs salariés‚ par exemple en séparant la définition des prestations de leur réalisation.

"La hausse du nombre de postes à pourvoir viendra à l'avenir remettre en cause ce (dernier) type d'organisation"‚ note l'étude. C'est le cas dans le secteur hospitalier‚ des maisons de retraite et des soins à domicile‚ où les restrictions liées aux numerus clausus applicables aux médecins et aux infirmières vont conduire à de fortes tensions sur ces métiers."

Dans ce cadre et dans un contexte de maîtrise des dépenses de santé‚ les recrutements devraient continuer vers les professions d'aides-soignants et d'agents de service hospitalier. Ces personnels seraient alors chargés d'une partie des tâches d'aide aux malades et aux personnes âgées‚ anciennement dévolues aux infirmières. Une telle évolution pourrait offrir‚ moyennant des formations adaptées‚ des débouchés à des personnes actuellement éloignées du marché du travail. Mais elle pourrait entraîner des difficultés entre les différents intervenants pour identifier et reconnaître les actes effectués par chacun et ouvrir des perspectives de carrière aux moins qualifiés."Les métiers peu attractifs seront plus fortement touchés

Le CAS et la Dares prédisent donc un meilleur avenir aux entreprises ayant choisi la première voie. Accorder plus d'autonomie aux salariés permettra d'offrir "une très grande souplesse et une bonne réactivité aux évolutions de leur marché".

Les difficultés de recrutement s'aggraveront par ailleurs pour les métiers les moins attractifs et s'atténueront d'autant dans les entreprises susceptibles d'offrir des perspectives de carrière. La fonction publique‚ en offrant la sécurité de l'emploi‚ est à ce titre un employeur à part. De plus‚ elle offrira de nombreux postes à pourvoir ces prochaines années. Les entreprises du secteur privé‚ surtout celles qui ne pourraient pas offrir des perspectives de carrière‚ devront faire face à cette concurrence à tous les niveaux de qualification : des cadres et professions intellectuelles supérieures aux agents de services. "D'ores et déjà‚ la fonction publique embauche un tiers des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur‚ et les limites d'âge ont été supprimées pour l'essentiel des procédures de recrutement"‚ notent les auteurs.

Les difficultés de recrutement éventuellement associées seront dans les années qui viennent un élément important de transformation des modes d'organisation du travail et des profils d'embauche. Mais‚ précise le rapport‚ les changements organisationnels ne doivent pas être à la seule charge des entreprises. Les pouvoirs publics auront un rôle de facilitateur de changement. "Au final‚ cette hausse du nombre de postes à pourvoir ne se traduira par une baisse du chômage que si des mesures actives d'accompagnement des entreprises et des personnes sont mises en place"‚ préviennent les experts.

Source Seniorscopie : Benoît Méli[1] "Olivier Chardon‚ Marc-Antoine Estrade‚ Fabien Toutlemonde‚ "Les métiers en 2015"‚ Premières synthèses‚ n°50.1‚ décembre 2005.
[2] Dans ses dernières projections‚ le Conseil d'orientation des retraites avait retenu l'hypothèse plus optimiste d'un retour au plein emploi pour 2015‚ avec un taux de chômage ramené à 4‚5% de la population active.

 

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