Plus de 90% des 54-59 ans souhaitent prendre leur retraite à 60 ans au plus tard

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Dans l'idéal‚ 90‚2% des 54-59 ans souhaitent toujours cesser leur activité au plus tard à 60 ans‚ indique un sondage Ipsos réalisé pour le compte de la Cnav‚ du Cor et des ministères de l'Economie et de la Santé. Une personne sur trois envisage d'ailleurs sérieusement de partir avant la soixantaine. Seulement 10% des sondés ont envie de continuer à travailler au-delà de cet âge. Certains facteurs peuvent cependant influer sur leur envie d'abréger ou d'allonger leur durée de carrière. Un quinquagénaire en bonne santé et heureux au travail sera naturellement plus enclin à poursuivre son activité encore quelque temps avant de raccrocher.

La cessation d'activité à 60 ans au plus tard fédère toujours les faveurs des futurs retraités. 90‚2% des actifs âgés entre54 et 59 l'affirment : dans l'idéal – donc sans prise en compte de contraintes financières – le monde du travail se quitte aux abords ou à l'entrée dans la soixantaine. Tel est le principal enseignement d'un sondage réalisé par l'institut Ipsos pour le compte de la Cnav‚ du Cor et des ministères de l'Economie et de la Santé [1].
1004 personnes ont été interrogées entre décembre 2004 et février 2005 au moyen de la méthode des quotas.
"L'âge de 60 ans conserve un pourvoir d'attraction très fort" note Benoît Rapoport [2]‚ de la Direction de la recherche‚ des études‚ de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé. Plus d'un tiers des sondés souhaiteraient précisément partir à cet âge. Près d'une personne sur deux envisage même cette option.
81‚6% des actifs pensent estiment pouvoir partir avant ou au plus tard à 60 ans. Une personne sur trois envisage d'ailleurs de partir avant la soixantaine. En moyenne‚ les salariés du régime général souhaiteraient même‚ dans l'idéal‚ partir à 58‚8 ans. Mais en tenant compte des contraintes financières familiales ou professionnelles‚ ces mêmes salariés repoussent d'un an (59‚8 ans) leur cessation d'activité.

3‚7% des 54-59 ans souhaitent partir à 65 ans
Rares sont les actifs qui souhaitent s'attarder au delà de cet âge. Ils ne sont que 10% à souhaiter continuer à travailler passé 60 ans. 3‚7% des sondés souhaitent prendre leur retraite à 65 ans. Ils sont en revanche deux fois plus nombreux à se résoudre à partir à 61 ans ou plus (7‚1% à 65 ans).
Faut-il voir dans ces réponses un excès d'optimisme de la part des sondés ? Non et pour deux raisons :

  1. La proportion importante d'actifs envisageant de partir avant 60 ans "ne semble pas pouvoir être attribuée à la méconnaissance des règles du régime général puisque les salariés interrogés envisagent de partir avant 60 ans d'autant plus fréquemment qu'ils s'estiment bien informés"‚ analyse Benoît Rapoport.

  2. Les effectifs de cotisants passés au crible d'Ipsos sont composés d'actifs "idéaux" : les assurés enquêtés pour l'occasion par l'institut de sondage ont connu moins fréquemment le chômage et sont en meilleure santé que l'ensemble de la population. On notera que les personnes ayant eu une carrière courte‚ les personnes au chômage ou en invalidité ont été exclues de l'échantillon. Tout comme les préretraités‚ et les personnes ayant bénéficié des mesures de retraite anticipée pour carrière longue prévues par la réforme des retraites de 2003.

Avoir un emploi varié et formateur pousse à prolonger sa carrière
Benoît Rapoport a isolé un certain nombre de facteurs susceptibles d'inciter les interviewés à prolonger‚ ou au contraire à écourter‚ leur carrière. Et qu'observe-t-on chez ces futurs retraités ? Le fait de se sentir bien dans son emploi incite ces actifs seniors à repousser le moment souhaité de la cessation d'activité.
Les personnes "très satisfaites"souhaitent partir un an plus tard en moyenne que celles qui se disent simplement "satisfaites" et près d'un an et demi plus tard que les autres. Tous les facteurs passés en revue dans l'enquête et ayant une relation avec les conditions de travail ont un effet sur les souhaits des individus. Ainsi‚ les personnes se déclarant bien payées‚ ayant de bonnes relations avec leur hiérarchie‚ un emploi varié ou formateur et qui considèrent avoir les moyens de faire un travail de bonne qualité‚ souhaitent partir plus tard que les autres. Les personnes qui ont un travail varié ou formateur envisagent aussi un départ plus tardif que celles dont le travail est répétitif et peu formateur.
De la même façon‚ l'âge de départ souhaité est d'autant plus élevé que l'état de santé général déclaré est satisfaisant. L'écart est ainsi de plus d'un an entre les personnes se déclarant en très bonne santé et celles se disant en très mauvaise santé. Plus les personnes se déclarent en bonne santé‚ plus elles envisagent un départ tardif‚ l'écart atteignant 1‚3 an entre les salariés se déclarant en très mauvaise santé et ceux se déclarant en très bonne santé.

La durée de cotisation augmente avec celle des études
L'âge de départ souhaité croît également de pair avec le nombre d'années d'études. "L'écart atteint deux ans entre les personnes détenant un CEP et celles qui ont obtenu au moins un diplôme universitaire de second cycle"‚ note le chercheur de la Drees. La catégorie socioprofessionnelle est également pertinente : le même écart de deux ans est observé entre les ouvriers qualifiés et les cadres. "Les personnes les moins diplômées ont généralement débuté leur activité plus tôt que celles détenant un diplôme universitaire. Elles avaient donc accompli une carrière plus longue que ces dernières lorsqu'on les a interrogées"‚ explique Benoît Rapoport. "Les plus diplômés ont aussi des salaires plus élevés et donc des taux de remplacement moyen plus faibles‚ ce qui peut les inciter à repousser davantage leur départ." Set‚ on n'oubliera pas que l'espérance de vie à 60 ans des cadres est nettement supérieure à celle des ouvriers.
Enfin‚ le sexe joue également sur les aspirations à une retraite précoce. Les femmes envisagent de liquider leur retraite 0‚4 an plus tard que les hommes. Ceci est cohérent avec le fait qu'elles ont généralement des carrières plus courtes ou plus heurtées que ces derniers. Enfin‚ les personnes qui n'ont pas de conjoint souhaitent et envisagent un départ plus tardif‚ mais l'écart est surtout marqué pour l'âge envisagé : 60‚5 ans en moyenne pour celles qui n'ont pas de conjoint‚ contre 59‚7 ans pour celles qui ont un conjoint non employé et 59‚5 ans pour celles qui ont un conjoint en emploi.

Une gestion RH efficace pour maintenir les seniors au travail
Benoît Rapoport s'est également prêté à une petite série de calculs à l'aide d'une "méthode économétrique"‚ afin de déterminer l'impact de ces différents facteurs. Certains d'entre eux démontrent qu'une gestion efficace de la ressource humaine (valorisation de l'expérience‚ adaptation des postes de travail‚ amélioration de la sécurité…) peut permettre de maintenir les seniors au travail. D'autres pourront être étudiés par les pouvoirs publics pour favoriser l'emploi des seniors car une prolongation des carrières permettrait de lisser le choc démographique du papy-boom… et d'étaler dans le temps le déficit annoncé des régimes de retraite.
Ainsi‚ un salarié "très satisfait" au travail reculerait d'un an et deux mois sa cessation souhaitée d'activité par rapport à un salarié non satisfait. Un salarié "satisfait" ajournerait son départ de 5 mois et un salarié "assez satisfait" de près de 3 mois. Un salarié en "assez ou très mauvaise santé" aimerait avancer la date de son départ de près de six mois par rapport à un actif en bonne santé. Avoir exercé un métier dangereux pousserait également un actif à vouloir quitter le monde du travail près de trois mois et demi plus tôt par rapport à une personne exerçant un métier sans risques. A méditer.

Source Seniorscopie.com - Benoît Méli

[1] Ce sondage a été réalisé à la demande de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav)‚ le secrétariat général du Conseil d'orientation des retraites (Cor)‚ la Direction générale du trésor et de la politique économique du ministère de l'Économie et des finances (DGTPE)‚ la Direction de la recherche‚ des études‚ de l'évaluation et des études statistiques (Drees)‚ l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et le service de la communication du ministère de l'Économie et des finances (Sircom).
[2] Benoît Rapoport‚ "Les intentions de départ à la retraite des salariés du privé âgés de 54 à 59 ans"‚ Etudes et résultats‚ n°478‚ Drees‚ mars 2006.

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